Je pense qu’en fait je n’ai jamais été très douée pour parler de mes sentiments. JAMAIS. Je n’ai jamais dit « Je t’aime » à aucun de mes parents et en couple, c’est une croix au calendrier qui s’impose. 

Avant-hier soir, ma mère m’a annoncé au téléphone un décès dans ma famille. Lorsque j’ai décroché, j’étais entourée de deux amies donc cela a été facile d’en parler parce que c’était sous le « feu de l’action », j’avais besoin d’expliquer ma relation avec lui. Oui ce n’était pas un oncle que j’ai vu une fois dans ma vie, c’était mon « daddy ». Surnom donné, car il n’était pas mon grand-père de sang, c’était un papy d’adoption. Je ne l’ai plus vu ces dernières années, il était malade (je passe les détails..), mais quand j’étais enfant, un weekend sur deux, j’allais chez « ma mamy et mon daddy ». C’est une époque de ma vie qui est loin, mais ça n’empêche que c’était quelqu’un de proche de moi. Cependant, après ce coup de fil et la journée d’hier qui a suivi, je n’ai pas réussi à être « juste » triste, je n’ai pas versé une seule larme, j’étais de « mauvaise humeur ». 

J’ai réalisé par la suite que ces derniers temps (ou ces dernières années, je ne sais plus vraiment..), je me suis beaucoup forcée à être positive et au meilleur de  moi-même H24.  Je disais justement en story Instagram la semaine dernière que c’était la plus belle année de ma vie et que je n’avais jamais été autant épanouie et c’est vrai, je ne me suis jamais forcée à l’être, je le suis réellement.

 Seulement,  j’en ai tellement pris plein la gueule ces dernières années parce que je disais tout ce que je pense et tout ce que je ressens (notamment des choses pas spécialement positives, ce qui est logique en soit hein.. tout n’est pas rose bonbon dans la vie), qu’un blocage est né en moi et que tout ce qui est négatif, j’ai décidé de le ravaler, de le mettre le plus profondément à l’intérieur de moi, d’être triste 5 min et puis de ne plus en parler (bon ok, ça ressors 5 min parfois quand je suis saoule, mais comme tout le monde l’est, le lendemain personne ne s’en souvient et j’en suis bien contente). 

Hier, j’étais donc « de mauvaise humeur » et j’avais envie de tuer tout le monde, j’avais envie d’être « méchante » et d’exprimer de la haine alors qu’au fond j’étais juste extrêmement triste. Triste par rapport à ce décès, mais encore plus triste quand je me suis rendu compte que je m’étais interdite  de parler et de vivre des choses dites « négatives ». Est-ce que j’étais en train de devenir quelqu’un d’autre ? Est-ce que cette froideur et cette difficulté à être triste et à exprimer mes émotions (encore plus qu’avant..) en était le résultat ? 

J’ai l’impression qu’à l’heure actuelle, j’ai tout (je n’ai pas tout, mais j’ai beaucoup..) et que pourtant, la tristesse, la mélancolie, la vulnérabilité, bref toute une palette de sentiments négatifs manquent à ma vie. C’est comme si sans tous ces sentiments, je n’arrivais pas à être moi-même entièrement. C’est chouette d’être heureux, mais apparemment ça ne m’inspire pas grand-chose puisque mon niveau d’inspiration n’a jamais été aussi basse..  

Je suis un peu perdue face à ma relation avec les réseaux sociaux, entre l’amour, parce que j’adore ce que je fais et de haine, parce que je trouve que ça reflète bien souvent le pire de ce que peuvent être les gens. 

Je m’en veux de temps en temps de m’être laissée entrainée là-dedans, j’ai tellement l’impression que tout cela, est à mille lieux de ce que je suis réellement.. Je suis quelqu’un qui aime les contacts directs et réels, je n’aime pas que les gens s’inventent une vie, je n’aime pas le narcissisme à outrance, je suis matérialiste (malgré moi..), mais je n’aime pas l’ostentatoire pour autant.

J’ai l’impression que les gens veulent être suivis à tout prix, qu’ils sacrifient éthique, amour-propre et parfois même leur propre vie, mais qu’ils ne prennent même pas le temps de savoir où ils vont, de prendre du recul, de réfléchir à ce qu’ils sont et ils décident d’entrainer avec eux toute une (vraie ou fausse) génération de gens qui mettent parfois beaucoup trop d’espoir en eux. 

J’ai commencé à écrire cet article parce que j’avais juste besoin d’extérioriser. Je vais donc le finir de manière aussi brutale que je l’ai commencé.