
Ce monde est rempli de préjugés. Le problème c’est qu’ils sont rarement inoffensifs et qu’ils installent souvent une situation de malaise et non-dits bien ancrés. Je vis avec un préjugé depuis toujours alors que celui-ci est comme son nom l’indique juste un préjugé. Je viens d’un milieu très très modeste pour ne pas oser dire « pauvre ». Seulement c’est le cas. J’ai toujours voulu m’en sortir et plus encore, j’ai toujours voulu avoir la vie dont je rêvais. J’ai toujours estimé que si je pouvais subvenir moi-même à mes besoins, j’avais le droit de me faire plaisir comme je le voulais. J’ai commencé à travailler très jeune (vers 13/14 ans), avec des petits jobs étudiants qui me permettaient de faire toutes les activités des gens de cet âge-là : aller au cinéma, m’acheter des vêtements, etc.. On pourrait me reprocher beaucoup de choses, mais sûrement pas ma ténacité.
Depuis le jour où j’ai commencé à travailler, j’ai voulu faire plus, encore plus toujours plus. J’acceptais tout : la plonge dans un resto, serveuse dans un café théâtre, faire les marchés à 5h30, femme de ménage, travailler dans une usine de tapis exclusivement masculine, bosser dans une friterie (la même friterie dans laquelle venaient les gens qui étaient en cours avec moi, etc..) Vers l’âge de 21 ans, je n’avais plus le choix de tout accepter. Je devais payer mon loyer, mes courses, les plaisirs que je voulais m’accorder, bref tout. Un seul job étudiant n’était pas suffisant donc j’en ai cumulé deux en plus des cours obligatoires. C’était dur, très dur. J’ai l’impression que cette époque est à des millions d’années d’aujourd’hui tellement je l’ai mise derrière moi.
À cette période de ma vie, un pote m’a fait comprendre qu’il pensait que j’étais riche parce que j’avais énormément de vêtements et de chaussures. J’ai trouvé ça complètement ridicule.. avant d’apprendre qu’il n’était pas le seul à penser comme ça. Je m’achetais énormément de vêtements parce que je n’acceptais pas le fait de galérer et en même temps de ne pas me récompenser. Je me sentais déjà tellement malheureuse que si je ne le faisais pas, vous n’auriez peut-être jamais pu lire cet article. Me faire plaisir matériellement (avec l’argent que j’ai toujours gagné moi-même..) m’a toujours permis de ne pas craquer, de me dire que certains sacrifices ne sont pas vains. Encore maintenant, je dépense presque plus que je ne gagne, mais j’ai besoin de me faire plaisir. Chaque petite chose me motive, je me dis « regarde tu as fait tout ça, tu as pu t’offrir ça, continue !! » Bref, c’est mon petit remède à moi contre la vie.
Je l’ai encore lu hier et ce n’était pas la première fois qu’on me le disait. Apparemment parce que je me montre sur Instagram, que je suis « publique », je suis forcément friquée. Les gens se méprennent tellement. Oui à l’heure actuelle, j’adore ma vie ! J’ai un super amoureux, un job qui me passionne, deux chats trop mignons, un chouette appart bien situé, des amis géniaux, un super dressing, des produits de luxe, etc..
Oui donc tout ça, c’est ce que vous voyez sur Instagram et qui vous donne l’impression que ma vie est parfaite. Petite info, j’ai eu 30 ans en 2019 donc tout ça ne s’est pas fait du jour au lendemain. J’ai galère pendant 29 ans avant d’en arriver là. En dehors de la petite liste de choses géniales dans ma vie, je n’ai pas une très bonne relation avec mes parents et je paye encore les pots cassés des erreurs qu’ils ont faits par le passé (ce qui n’est pas juste, mais je n’ai pas le choix…). Je suis super heureuse de faire ce qui me passionne et de m’être « créer » mon job de rêve. Seulement, être indépendante est difficile, je suis remplie de doutes, de craintes, de peurs. J’ai énormément de mal à dormir à cause de ça et je fais une crise de panique de temps à autre tellement cette peur me submerge.
Je suis très bien entourée certes, mais ça n’a pas toujours été le cas et comme tout le monde, j’ai des déceptions amicales, des trahisons, des choses qui m’ont fait énormément souffrir et qui continuent de me hanter parfois. J’adore mon appart, mais je le loue et je n’ai pas les moyens de l’acheter et personne ne m’autorisera jamais un prêt de toute façon 🙂
Bref, tout ça pour dire qu’il faut vraiment arrêter de se faire des idées préconçues sur les gens via des stories/posts Instagram si vous ne les connaissez pas intimement.
C’est vraiment quelque chose qui doit absolument changer dans ce monde. Et ce n’est pas toujours Instagram en lui-même qu’il faut blâmer. Ce que je vous montre n’est pas fake, c’est bel et bien ma vie réelle. Seulement, c’est toujours comme ça, les gens voient le résultat, mais pas toutes les heures de travail, toute la sueur, tout le temps investi qu’il y a derrière ce résultat.
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